Georges ROBERT, titulaire des grandes orgues de Notre-Dame de Versailles depuis plus d’une demi-siècle, s’en est allé le 7 novembre 2001, dans sa soixante-quatorzième année. Fils de l’organiste de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), Georges Robert, qui lui-même avait touché l’orgue de cette église durant 70 ans, petit-fils d’Henri Sibout, organiste de Sainte-Catherine d’Honfleur (Calvados), Georges Robert, comme l’a déclaré un jour Pierre Denis [L’Orgue, n° 114, avril-juin 1965], était un « exécutant sans défaillance, [un] poète de l’orgue à l’instar de son maître André Marchal, [et un] interprète soucieux d’approfondir sa connaissance des classiques ».
Né le 12 avril 1928 à Saint-Pol-de-Léon, il avait été en premier lieu élève de son père, avant de débarquer à Paris en 1941, à l’âge de 13 ans, pour devenir pensionnaire de l’Institut National des Jeunes Aveugles. Il bénéficia là de l’enseignement dispensé par de véritables Maîtres : Gaston Régulier (piano), Eza (violon), Gaston Litaize (harmonie) et André Marchal (orgue). En 1946, il rejoignait la classe de piano d’Yves Nat au CNSM de Paris, où il décrochait un 1er prix quatre ans plus tard. Également élève de Suzanne Plé-Caussade et de Marcel Dupré, il fut récompensé par un 1er prix contrepoint (1951), un 1er prix de fugue (1953) et un 1er prix d’orgue (1953). L’année suivante, Georges Robert fut nommé professeur de piano à l’I.N.J.A. et y enseigna aussi l’orgue à partir de 1969, tout comme au C.N.R. de Versailles (à partir de 1975) et à la Schola Cantorum de Paris.
En tant qu’organiste d’église, Georges Robert n’a connu qu’un seul instrument : l’orgue Merklin/Gonzalez de l’église Notre-Dame de Versailles, où il avait été nommé en mai 1948. Mais comme virtuose de l’orgue, la plupart des grandes tribunes françaises l’ont accueilli, ainsi d’ailleurs que bien d’autres en Europe et en Amérique du Nord. Lauréat du concours international d’improvisation de Haarlem (1955) et du concours Jean-Sébastien Bach à Gand (1955), 1er prix d’exécution et d’improvisation des « Amis de l’Orgue » (Prix Michel-Richard Delalande) en 1957, soliste à Radio-France, créateur en 1957 de l’Académie d’orgue « Musique et Montagne » à Sarrances, près de Pau, fondateur en 1980 et président de l’Association des Amis de l’Orgue de Versailles et de sa Région, fondateur à Biarritz d’une académie d’orgue dans le souvenir d’André Marchal, membre de la Commission départementale des orgues au Conseil général des Yvelines, correspondant de la Commission supérieure des monuments historiques du Ministère de la culture, membre du jury du Grand Prix de Chartres, Georges Robert était l’un de ses rares musiciens complets à posséder à la fois un 1er prix de piano et un 1er prix d’orgue, ce qui fit de lui non seulement un organiste brillant, mais également un pianiste au toucher précis, et même encore un claveciniste raffiné. Les instruments à clavier n’avaient plus de secrets pour cet artiste subtil.
Il a enregistré l’intégrale de l’œuvre pour orgue de François Couperin (1965), celles de César-Franck (1994) et d’Augustin Barié, ainsi que des Musiques françaises et espagnoles, XVIème -XVIIIème siècle, à l’orgue de l’Abbaye de Sarrance en vallée d’Aspe, avec le Chœur Grégorien de Pau, direction : Jean Spaniol (CD Escale à Toulouse ESC 120). Son catalogue, bien que modeste, est cependant représentatif de la musique de son temps : on y trouve une pièce pour piano : Sonate, et des pages pour orgue parues dans la revue « Orgue et Liturgie » : Prélude sur les jeux d’anches, Prélude à l’Introït du 1er Dimanche de l’Avent, Offertoire pour le IIe Dimanche après la Pentecôte, Pour une Élévation, Pour une Communion, ainsi qu’une Messe en cinq pièces (Huguenin)…
Denis Havard de la Montagne
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(avec son aimable autorisation)