Née le 9 janvier 1910 à Bastia (Corse), fille du général Henry Roget, Henriette Roget a fait toutes ses études musicales au CNSM de Paris où elle est entrée à l’âge de 9 ans. Elle obtenait en un temps record 6 premiers prix entre 1926 et 1930 dans les classes d’Isidore Philipp, Jean et Noël Gallon, Estyle, Maurice Emmanuel et Marcel Dupré : piano, harmonie, histoire de la musique, accompagnement au piano, contrepoint, fugue, orgue. Elle est également l’élève de Charles Tournemire qu’elle supplée parfois à l’orgue de l’église Sainte-Clotilde. Premier Second Grand Prix de Rome en 1933, elle est nommée l’année suivante organiste de l’Oratoire du Louvre et de la Grande Synagogue de Paris. Elle restera dans ses tribunes respectivement jusqu’en 1979 et 1952. Engagée également en qualité de chef de chant à l’Opéra de Paris, elle mène parallèlement une brillante carrière de pianiste à la Radio dès 1935, où elle restera jusqu’en 1975.
Organiste, chef de chant, pianiste, Henriette Roget, devenue Madame Ramon Puig-Vinals, était en plus une pédagogue renommée qui enseigna l’accompagnement au Conservatoire de Paris à partir de 1957. Elle a même formé plusieurs générations de pianistes au Japon où elle était partie enseigner en 1979.
En tant que soliste, Henriette Puig-Roget est réclamée par les plus grandes formations, notamment les Concerts de la Société du Conservatoire, les Concerts Straram, les Concerts Colonne, les Concerts Poulet, les Concerts Siohan, l’Orchestre national de l’ORTF et les Concerts de Lisbonne… Dès les années cinquante elle enregistrait sur disques, chez Pathé ou Columbia, à l’orgue avec Louis Martini et André Cluytens, des œuvres de Marc-Antoine Charpentier (Messe à 6 voix, la symphonie Assumpta est Maria et le de Profundis), Nicolas Bernier (Contitebor tibi, domine), Michel-Richard Delalande (De Profundis), Jean-Baptiste Lully (Dies irae), Camille Saint-Saëns (Symphonie n°3, en ut mineur, op.78) et au piano, avec Georges Tzipine : la Première Suite Cubaine, pour huit instruments à vent et piano, de Alejandro Garcia Caturla, et Ritmica n°1, pour quintette à vent et piano, d’Amadeo Roldan.
Son œuvre est variée et recouvre des pièces pour piano, pour orchestre, de la musique de chambre, vocale et religieuse. Bien entendu l’orgue est largement représenté avec notamment un Cortège funèbre (Durand, 1939), des Deploracion para la semana santa, une Toccata severa et un Triathlon qui servit de morceau de concours pour le CNSM en 1977.
Défendant d’Indy, Vierne, Pierné ou Messiaen, dont elle créa les Préludes en 1930, elle était une ambassadrice de la musique française et sa mort arrivée le 24 novembre 1992 à Paris VIIe laisse à tous ceux qui l’ont connue le souvenir d’une grande dame de l’orgue dévouée à ses élèves.
Denis Havard de la Montagne
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(avec son aimable autorisation)
Membre du Jury du Grand Prix de Chartres 1984.